vendredi 17 septembre 2010

Sudarshan Krya : la purification du corps par la respiration


Parlons d'une expérience intrigante, presque mystique, que j'ai vécue il y a maintenant un mois...

Si je suis venue en Inde, c'est parce que j'avais envie de découvrir quelque chose, quelque chose qui change de la manière de vivre occidentale, souvent stressante, superficielle et parfois trop rationnelle. Or, il se trouve qu'Amit, mon ami indien, m'a raconté des dizaines d'histoires de gourou-guérisseurs ayant des pouvoir dits "surnaturels". A chaque fois, ces anecdotes se finissent par un "miracle" qui a permis à quelqu'un de guérir, d'éviter un accident ou de connaître le futur immédiat d'un de ses proches. 

Au début, tu écoutes, tu ne dis rien, tu souris... Forcément, quand tu viens d'Occident, tu n'as pas trop l'habitude d'entendre parler chaman autrement que dans de vieux contes mystiques ou des reportages sur telle ou telle tribu primitive en Amazonie. J'avoue que j'avais un peu du mal à y croire, même si je fais confiance en Amit. Une histoire peut toujours être magnifiée, enjolivée, mystifiée...whatever


En même temps, c'est ce côté mystérieux de l'Inde qui m'attire peut-être le plus. Ce côté "et s'il y avait autre chose à côté des maths, de la physique et de la bio pour expliquer les phénomènes naturels ?". "Et si finalement, aussi "développés" que nous croyions l'être, nous avions oublié de nous souvenir de certaines techniques et pratiques irrationnelles de nos ancêtres ? 
"Et si, en fait, il y avait quelque chose d'autre à côté des sciences, quelque chose de complémentaire ?"

Car ce n'est pas parce que l'homme ne comprend pas tout que le monde devrait s'arrêter aux limites de son entendement.

Peut-être même que dans quelques décennies ou quelques siècles nous arriverons à décrypter ces phénomènes que l'on qualifie aujourd'hui de "surnaturels", tout comme nous savons désormais expliquer de quoi est fait la lumière que nous prenions auparavant pour un don enchanté de Dieu.


J'ai envie de découvrir cette Inde mystique. J'ai envie d'être étonnée, d'être bousculée dans mes préjugés. Je veux voir, sentir, tester par moi-même. 

Fin juillet, j'aurai du rencontrer un chaman résidant dans un temple perdu dans la campagne de Pune. Malheureusement, nous y sommes allés le jour du "Guru's day". De fait, Monsieur le chaman n'avait pas souhaiter nous recevoir, ayant fermement décrété qu'il ne "travaillerait" pas ce jour-là. Ma première occasion de me confronter à l'Inde mystique s'était donc soldée par un échec. Mais ce ne fut que partie remise. Une seconde occasion s'est présentée peu après.


Le Sudarshan Krya est une combinaison de techniques de respiration, de yoga et de méditation visant à "purifier le corps", selon l'étymologie même du mot ( www.artofliving.org ). Apparemment, cette technique est recommandé pour soigner mots de dos, de tête, arthrose, hypertension... mais aussi pour apprendre à maitriser son stress et booster son système immunitaire. Du coup, je me suis dit "génial, c'est fait pour toi, il faut que tu essaies".


Le cours se déroulait sur 6 jours, 4 heures par jour de 17h30 à 21h30, avec interdiction de manger après 15h30. Oui, vous l'avez deviner : moi qui ai tout le temps faim, ... j'ai eu faim ! Deux autres règles devaient également être suivies pendant le cours : 0 alcool/café/thé/drogue (bref, 0 excitant) et 0 "non-veg food" (puisqu' ici la norme est le végétarisme, les carnivores doivent dire qu'ils consomment de la "non veg" food ; tandis que dans nos pays occidentaux, si quelqu'un veut préciser veut préciser son régime alimentaire, on  l'entendra dire "veg", jamais "non veg" qui est la norme). En ce qui concerne la viande (qui ici se résume pour moi à poulet/oeuf/parfois poisson), ça a été étonnamment beaucoup plus facile que prévu. En revanche, j'ai échoué pour l'alcool : j'ai bu 2 gorgées de bière lors d'une soirée (ooohhh damnation je suis perdue). Mais seule la 2ème était volontaire, la 1ère étant descendue dans ma gorge avant que je m'en aperçoive !^^

Le premier cours a vraiment été terrible. Je me suis rarement sentie aussi mal de ma vie. Je ne sais pas si c'est parce que j'avais faim ou si c'est parce que j'avais un mal de dos abominable (je ne peux théoriquement pas m'assoir au sol les jambes croiser plus de quelques minutes... ça faisait 3 heures), mais j'avais juste envie de pleurer, de crier, de courir, de partir loin, loin...  J'ai détesté ce cours. Le soir, j'en ai parlé à Amit qui a également suivi le programme avec moi. Il se trouvait que lui aussi s'était senti hyper mal. Nous voulions arrêter le cours mais avant cela nous souhaitions tout de même attendre une journée de plus pour voir si ça allait changer. 

Sri Sri Ravi Shankar, le fondateur de Sudarshan Krya ayant eu une révélation divine.
Nous avons bien fait. Le deuxième jour fut juste incroyable. J'ai réalisé que le malaise ressenti la veille n'était que la première étape du processus. En plein milieu de l'enchaînement des exercices respiratoires, j'ai commencé à ressentir une douleur à la fois intense et diffuse à travers tout mon corps. Je me sentais si mal que je me suis mise à pleurer, presque à crier. C'était incontrôlable. La douleur, la peine, venait de l'intérieur de moi et je ne pouvais rien faire pour la maîtriser. Elle sortait de mon corps comme si mon inconscient se vider soudainement de tout le stress, de toute l'énergie négative accumulée pendant des jours,  des semaines voire des mois. Comme s'il se purifier. Selon le prof, c'est parce que le fait de respirer d'une certaine manière permet au corps d'éliminer les toxines. Mais bon... il a pas trop su m'expliquer comment. Je suppose que la technique de Sudarsahan krya repose en fait sur une combinaison de facteurs émotionnels et biologiques. Toujours est-il qu'elle a réellement fonctionné sur moi ainsi que sur Amit. Son succès dépend des personnes, de leurs histoires et de leur réceptivité. Chaque expérience est unique : l'un pleura, un autre explosera de rire, un autre encore aura l'impression d'être traversé par de l'électricité... Mais encore faut-il que ça marche. Les quatre autres "élèves" ayant suivi le cours avec nous n'ont pas eu l'air d'avoir ressenti grand chose. Je pense que leur manque de réceptivité a joué en leur défaveur.


Le deuxième jour, la même expérience s'est renouvelée. Cependant, je n'ai plus rien ressenti durant les sessions suivantes. Est-ce parce que je n'avais plus la même motivation du fait que j'avais déjà vécu  l'expérience que je recherchais ? Parce que j'étais plus fatiguée ? Ou parce que mon inconscient s'était  déjà suffisamment "vidé" ? Je ne sais pas. Peut-être un combiné des trois et peut-être aussi parce que j'avais de plus en plus du mal à adhérer à la philosophie trop simpliste du prof. 
Du genre "quoique l'on vive, il y a quelque chose en nous qui ne changera jamais, quelque chose qui nous suit dans toutes nos vies et nos formes de réincarnations." Non, désolée : si j'étais née en Inde ou au XVème siècle, je n'aurais pas la même façon de penser ni la même vision du monde qu'à l'heure actuelle. 
Ou du genre "vivez l'instant présent, ne pensez pas au futur"... Et comment on fait pour vivre sans projet ? 
Bref, ce côté "philosophie au raz des pâquerettes" m'a déçue. Dommage.

Néanmoins, il en reste que cette petite expérience m'a donnée envie de découvrir davantage cette fameuse "Inde mystique". J'espère qu'Amit pourra me faire rencontrer les guérisseurs et gurus qu'il connait avant qu'il ne parte à Delhi en décembre... Je vous tiendrai au courant !

4 commentaires:

  1. Chère Aurore,
    je suis "tombée" par hazard sur ton blog et viens de lire ton vécu sur le stage Art de Vivre à Pune.
    Le message de Sri Sri Ravi Shankar n'est absolument pas de vivre sans projet, bien au contraire, il ne dit pas ne pensez pas au futur mais n'ayez pas d'attente. C'est l'attente que est source de stress, pas le futur. Prévoir le futur est indispensable pour vivre, sinon nous aurions toujours le ventre vide ;)
    Sri Sri Ravi Shankar était un étudiant proche de Gandhi, il transmet ses idéaux de non violence dans le monde entier et donne les moyen aux personnes de les appliquer dans la vie de tous les jours.
    J'habite sur Toulouse, où j'ai découvert l'Art de vivre. Les stages dans les pays occidentaux ne sont pas aussi "stricts" sur le régime alimentaire.
    Enjoy your time in India!
    Aurélie

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour Aurore,

    Ton témoignage est très intéressant.
    Je suis professeur des programmes de l'Art de Vivre à Paris. Comme tu l'as bien décrit chaque expérience est très personnelle. C'est un vrai voyage vers la rencontre de Soi. Si l'expérience n'est pas spectaculaire cela ne correspond pas forcément à un manque de sensibilité. Le premier cours est toujours "spécial", je me rappelle mon premier cours. Tu peux refaire ce cours autant de fois que tu le souhaites, chaque fois ce sera très différent. La philosophie abordée durant ce cours n'est pas simpliste. Elle est présentée de la façon la plus accesible. Tu aurais sûrement mieux apprécié avec un prof français rompu à la rhétorique. L'approche indienne du yoga est très dévotionnelle c'est pourquoi tu es restée sur ta faim. Il y a sur ce point des DVD captivants des enseignements de Sri Sri Ravi Shankar, tu apprécierais j'en suis sûre. Il y a également un site français www.artdevivre.fr.
    Merci encore pour la sincérité de ton témoignage.
    Marylène

    RépondreSupprimer
  3. Belle expérience... L'Art de Vivre existe aussi en France, je suis l'un des enseignants responsable de diffuser les enseignements de Sri Sri en France, et en Europe. A l'occasion, tu peux toujours passer me rendre visite (Paris XIè) et si il y a des compléments d'information que notre ami professeur indien n'a pas su te donner, je me ferai un plaisir de le faire.
    Bien amicalement
    Stéphane

    RépondreSupprimer
  4. Bonjour tout le monde!
    Merci pour vos commentaires, c'est très intéressant de pouvoir comparer les points de vue. Je vais répondre dans l'ordre :

    A Aurélie : Peut être que mon "prof" était un peu vieux et un peu simpliste, mais je t'assure qu'il n'a pas su répondre à la question "Comment fais-t-on pour avoir des projets sans penser au futur ?". Je suis contente d'apprendre que le message originelle n'est pas celui-là. Je ne savais pas qu'il y avait des sessions "Art de vivre" en France. Peut être recommencerai-je l'expérience à Paris !

    A Marylène : Je suis tout à fait d'accord sur le fait que l'approche du yoga est très dévotionnelle en Inde. j'ai l'impression que la plupart des Hindous ne se posent pas trop de questions, ils suivent juste ce qu'on leur dit de faire. C'est incroyable comment des millions de personnes suivent des règles de vie parfois très strictes les yeux fermés...
    Je suis en échange pour 1 an en Inde mais autrement j'étudie à Paris. Il serait très intéressant de refaire le cours en Occident. Où enseignez-vous exactement ?
    Et selon vous, de quoi dépend la réceptivité au cours ? Qu'est ce qui fait qu'on ressentira plus ou moins de "choses" se passer dans notre corps ?

    Enfin, à Stephane : Comme je viens de l'écrire, j'aimerai bien recommencer l'expérience à Paris maintenant que je sais que l'Art de Vivre y est présent. Donc peut-être nous verrons-nous l'année prochaine !

    RépondreSupprimer