Parlons d'une expérience intrigante, presque mystique, que j'ai vécue il y a maintenant un mois...
Si je suis venue en Inde, c'est parce que j'avais envie de découvrir quelque chose, quelque chose qui change de la manière de vivre occidentale, souvent stressante, superficielle et parfois trop rationnelle. Or, il se trouve qu'Amit, mon ami indien, m'a raconté des dizaines d'histoires de gourou-guérisseurs ayant des pouvoir dits "surnaturels". A chaque fois, ces anecdotes se finissent par un "miracle" qui a permis à quelqu'un de guérir, d'éviter un accident ou de connaître le futur immédiat d'un de ses proches.
Au début, tu écoutes, tu ne dis rien, tu souris... Forcément, quand tu viens d'Occident, tu n'as pas trop l'habitude d'entendre parler chaman autrement que dans de vieux contes mystiques ou des reportages sur telle ou telle tribu primitive en Amazonie. J'avoue que j'avais un peu du mal à y croire, même si je fais confiance en Amit. Une histoire peut toujours être magnifiée, enjolivée, mystifiée...whatever.
En même temps, c'est ce côté mystérieux de l'Inde qui m'attire peut-être le plus. Ce côté "et s'il y avait autre chose à côté des maths, de la physique et de la bio pour expliquer les phénomènes naturels ?". "Et si finalement, aussi "développés" que nous croyions l'être, nous avions oublié de nous souvenir de certaines techniques et pratiques irrationnelles de nos ancêtres ?
"Et si, en fait, il y avait quelque chose d'autre à côté des sciences, quelque chose de complémentaire ?"
Car ce n'est pas parce que l'homme ne comprend pas tout que le monde devrait s'arrêter aux limites de son entendement.
Peut-être même que dans quelques décennies ou quelques siècles nous arriverons à décrypter ces phénomènes que l'on qualifie aujourd'hui de "surnaturels", tout comme nous savons désormais expliquer de quoi est fait la lumière que nous prenions auparavant pour un don enchanté de Dieu.
J'ai envie de découvrir cette Inde mystique. J'ai envie d'être étonnée, d'être bousculée dans mes préjugés. Je veux voir, sentir, tester par moi-même.
Fin juillet, j'aurai du rencontrer un chaman résidant dans un temple perdu dans la campagne de Pune. Malheureusement, nous y sommes allés le jour du "Guru's day". De fait, Monsieur le chaman n'avait pas souhaiter nous recevoir, ayant fermement décrété qu'il ne "travaillerait" pas ce jour-là. Ma première occasion de me confronter à l'Inde mystique s'était donc soldée par un échec. Mais ce ne fut que partie remise. Une seconde occasion s'est présentée peu après.
Le Sudarshan Krya est une combinaison de techniques de respiration, de yoga et de méditation visant à "purifier le corps", selon l'étymologie même du mot ( www.artofliving.org ). Apparemment, cette technique est recommandé pour soigner mots de dos, de tête, arthrose, hypertension... mais aussi pour apprendre à maitriser son stress et booster son système immunitaire. Du coup, je me suis dit "génial, c'est fait pour toi, il faut que tu essaies".
Le cours se déroulait sur 6 jours, 4 heures par jour de 17h30 à 21h30, avec interdiction de manger après 15h30. Oui, vous l'avez deviner : moi qui ai tout le temps faim, ... j'ai eu faim ! Deux autres règles devaient également être suivies pendant le cours : 0 alcool/café/thé/drogue (bref, 0 excitant) et 0 "non-veg food" (puisqu' ici la norme est le végétarisme, les carnivores doivent dire qu'ils consomment de la "non veg" food ; tandis que dans nos pays occidentaux, si quelqu'un veut préciser veut préciser son régime alimentaire, on l'entendra dire "veg", jamais "non veg" qui est la norme). En ce qui concerne la viande (qui ici se résume pour moi à poulet/oeuf/parfois poisson), ça a été étonnamment beaucoup plus facile que prévu. En revanche, j'ai échoué pour l'alcool : j'ai bu 2 gorgées de bière lors d'une soirée (ooohhh damnation je suis perdue). Mais seule la 2ème était volontaire, la 1ère étant descendue dans ma gorge avant que je m'en aperçoive !^^
Le premier cours a vraiment été terrible. Je me suis rarement sentie aussi mal de ma vie. Je ne sais pas si c'est parce que j'avais faim ou si c'est parce que j'avais un mal de dos abominable (je ne peux théoriquement pas m'assoir au sol les jambes croiser plus de quelques minutes... ça faisait 3 heures), mais j'avais juste envie de pleurer, de crier, de courir, de partir loin, loin... J'ai détesté ce cours. Le soir, j'en ai parlé à Amit qui a également suivi le programme avec moi. Il se trouvait que lui aussi s'était senti hyper mal. Nous voulions arrêter le cours mais avant cela nous souhaitions tout de même attendre une journée de plus pour voir si ça allait changer.
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Sri Sri Ravi Shankar, le fondateur de Sudarshan Krya ayant eu une révélation divine. |
Nous avons bien fait. Le deuxième jour fut juste incroyable. J'ai réalisé que le malaise ressenti la veille n'était que la première étape du processus. En plein milieu de l'enchaînement des exercices respiratoires, j'ai commencé à ressentir une douleur à la fois intense et diffuse à travers tout mon corps. Je me sentais si mal que je me suis mise à pleurer, presque à crier. C'était incontrôlable. La douleur, la peine, venait de l'intérieur de moi et je ne pouvais rien faire pour la maîtriser. Elle sortait de mon corps comme si mon inconscient se vider soudainement de tout le stress, de toute l'énergie négative accumulée pendant des jours, des semaines voire des mois. Comme s'il se purifier. Selon le prof, c'est parce que le fait de respirer d'une certaine manière permet au corps d'éliminer les toxines. Mais bon... il a pas trop su m'expliquer comment. Je suppose que la technique de Sudarsahan krya repose en fait sur une combinaison de facteurs émotionnels et biologiques. Toujours est-il qu'elle a réellement fonctionné sur moi ainsi que sur Amit. Son succès dépend des personnes, de leurs histoires et de leur réceptivité. Chaque expérience est unique : l'un pleura, un autre explosera de rire, un autre encore aura l'impression d'être traversé par de l'électricité... Mais encore faut-il que ça marche. Les quatre autres "élèves" ayant suivi le cours avec nous n'ont pas eu l'air d'avoir ressenti grand chose. Je pense que leur manque de réceptivité a joué en leur défaveur.
Le deuxième jour, la même expérience s'est renouvelée. Cependant, je n'ai plus rien ressenti durant les sessions suivantes. Est-ce parce que je n'avais plus la même motivation du fait que j'avais déjà vécu l'expérience que je recherchais ? Parce que j'étais plus fatiguée ? Ou parce que mon inconscient s'était déjà suffisamment "vidé" ? Je ne sais pas. Peut-être un combiné des trois et peut-être aussi parce que j'avais de plus en plus du mal à adhérer à la philosophie trop simpliste du prof.
Du genre "quoique l'on vive, il y a quelque chose en nous qui ne changera jamais, quelque chose qui nous suit dans toutes nos vies et nos formes de réincarnations." Non, désolée : si j'étais née en Inde ou au XVème siècle, je n'aurais pas la même façon de penser ni la même vision du monde qu'à l'heure actuelle.
Ou du genre "vivez l'instant présent, ne pensez pas au futur"... Et comment on fait pour vivre sans projet ?
Bref, ce côté "philosophie au raz des pâquerettes" m'a déçue. Dommage.
Néanmoins, il en reste que cette petite expérience m'a donnée envie de découvrir davantage cette fameuse "Inde mystique". J'espère qu'Amit pourra me faire rencontrer les guérisseurs et gurus qu'il connait avant qu'il ne parte à Delhi en décembre... Je vous tiendrai au courant !