Quand je suis arrivée à Pune, j’ai été stupéfaite par la densité de la circulation dans les rues et le brouhaha incessant qui s’en élevait. J’ai véritablement eu l’impression d’être plongée dans une marée humaine motorisée. Pourtant, ce n’était pas la première fois que je mettais les pieds dans une métropole de pays en développement… Peut-être que cette fois-ci les bruits et les images aiguisaient davantage mon attention parce que je savais que j’allais rester ici pendant un an.
Parmi touts les moyens de transport que l’on peut rencontrer – voiture, bus, « goods carrier », cyclomoteur, vélo, vache, biquette,… – il y en a un qui se détache particulièrement du lot : le rickshaw.
Ce drôle de véhicule est une sorte de taxi jaune et noir à trois roues. Je suis sûre qu’en faisant un arbre phylogénétique, on trouverait qu’il provient de l’accouplement d’une moto et d’une plaque de taule cabossée. Au cours de l’évolution, le rickshaw primitif a du subir diverses mutations et donné naissance à différentes espèces : certains ont un klaxon strident, d’autres font un bruit enroué comme s’ils imitaient le son d’un disque rayé, d’autres encore pétaradent. En revanche, tous les rickshaws muets se sont éteints : ils devaient être trop vulnérables face au trafic chaotique de la métropole… ils n’ont pu survivre selon l’implacable loi de Darwin.
Un chaos certes, mais un chaos organisé.
Comme dans toutes les métropoles indiennes, le passé rencontre le présent, la mondialisation grignote les traditions et la culture indienne se transforme au contact de la technologie et des mœurs importées d’Occident.
Les centres commerciaux flambant neufs s’élèvent à côté des petites maisons coloniales tandis que des centaines de petites échoppes en taule proposant de tout et de rien peuplent le trottoir. Sans compter les petits maraîchers qui posent leur charrette dans un coin et vendent leurs bananes, concombres et autres fruits inconnus des lointaines contrées européennes.
Parfois, on a l’impression que toute cette fourmilière va disparaître sous les hôtels de luxe en construction et sous la pression de la « modernisation ». Déjà, les mannequins minces à la peau claire monopolisent les panneaux de publicité et les boutiques de type Promod, Rolex et Vodafone font tâche d’huile. L’Occident est vu comme un modèle de réussite, LE modèle qui semble promettre bonheur et prospérité.
Et nous, petits blancs expatriés, nous sommes dévisagés à tous les coins de rue (surtout quand on se promène avec deux filles en cheveux courts ^^), du genre « Ah, les blancs existent pour de vrais alors ? » ou bien « Quelle décadence ! ». Souvent, on a également le droit à des petits rires sur notre passage : c’est vrai qu’il est assez rare de voir de drôles de larves blanches bipèdes avec éventuellement de gros yeux de mouches quand on porte des lunettes de soleil !
Il me reste encore à justifier l’adjectif « vert » censé qualifier Pune.
Cela peut étonner, mais cette métropole cache de nombreux jardins aux détours de ses petites ruelles. Même si pour l’instant je n’ai pas encore vu de vrais parcs, il suffit de s’éloigner un peu des grandes routes pour trouver des endroits calmes et posés.
Le premier week-end, je suis allée visiter le fort Shaniwar Wada où les premiers ministres de l’Empire du Maharastra siégeaient aux XVIIIème et XIXème siècles (avant que les Britanniques débarquent et nous fassent découvrir le thé !). C’est un endroit idéal pour se poser tranquillement par une après-midi de Juin, un bouquin à la main ou une plume au bout des doigts (reste qu’il faut réussir à ignorer tous ces Indiens qui te prennent en photo !.
Toujours est-il que l'endroit le plus vert est à cour sûr l'université... mais ça, c'est pour un autre post !