samedi 21 août 2010

Trekking to Lohagad Fort ... (et quelques réflexions sur le machisme)

Oh my god, j'ai tellement de retard sur mon blog ! Il faut dire qu'en ce moment je bosse pas mal, et que d'ailleurs je vais continuer à bosser pas mal toute l'année. Contrairement à ce que je pensais, je ne vais pas travailler beaucoup moins que pendant les deux premières années de Scube. Anyway, cet article ne concerne pas mes désillusions estudiantines mais un super trekking que j'ai fait il y a une dizaine de jours.

Ce sont deux garçons de ma classe de Biochemistry and Plant Physiology qui ont eu l'idée d'organiser une rando dans les Ghats Occidentaux, autrement dit une chaîne à l'Ouest du Maharastra regorgeant de grottes et de forts. J'avais déjà découvert l'arrière-pays de Pune avec Manon et Amit en voiture. Cette fois, je suis allée escalader les collines menant au Lohagad Fort accompagnée par 3 garçons de ma classe - Nikhil, Ashwan et Khaled -, la petite-amie et la soeur d'Ashwan ainsi que Manon, Miriam, Deb, Lucas, Claire-Ma et Abhijit (qui se revendiquent pseudo-couple mais qui ont l'air de très bien s'entendre tout de même ^^). Les autres Français étaient tous partis en voyage chacun de leur côté.


A 8h pétante, toute la petite compagnie s'est donc retrouvée à la Shivaji Nagar Station de Pune. Le train fut une sacrée expérience ! Déjà, il faut que tu devines où sera le compartiment réservé aux femmes. Oui, ça fonctionne comme ça ici. Les dames peuvent monter dans les compartiments mixtes mais vu comment les hommes sont excités la plupart du temps (soit à cause de l'alcool, soit à cause de leurs hormones), il est plus prudent pour elles de se regrouper (j'ai envie de dire ironiquement "entre individus du sexe faible"). Au premier abord, c'est assez choquant (imaginer le RER divisé en voitures "hommes" et voitures "femmes"!). Et puis, peu à peu, tu prends du recul par rapport à ta position d'Occidental croyant fermement en les Droits de l'Homme. Certes, d'un côté l'existence même de voitures réservées aux femmes contribue sûrement à renforcer le machisme. Mais d'un autre coté, ceci ne fait que refléter une situation sociale  profondément ancrée dans les mœurs qui nécessite des années pour changer, ...probablement le temps que la nouvelle génération devienne parent et élève ses enfants avec des valeurs libérales et humanistes.

Mais revenons à nos moutons. Sur le quai, il faut donc trouver le compartiment des femmes en même temps que le train arrive ou en jouant avec les probabilités selon le nombre de femmes à tel ou tel endroit du quai (tu te dis que s'il y en a quelques unes au même endroit, elles doivent être habituées et savoir où il faut attendre). Mais c'est une fois que le train arrive que les choses sérieuses commencent : il ne s'arrête pas plus d'une minute en gare ! Du coup, tout le monde pousse car personne ne veut rester sur les quais. Nos camarades indiens nous avaient prévenus : il faut pousser autant que l'on peut !! Vu le vide qu'il y a entre le train et le quai, je plains les grands mères. Bon au moins, les mamans n'ont pas à s'inquiéter pour les doigts de leurs enfants (qui ont le droit de monter avec elles quelque soit leur sexe) : ils ne risquent pas de se les pincer, il n'y a pas de porte !


Une fois rentré dans ce fameux train vert/gris roulant à 30 km/h (ce n'est pas une façon de parler, il roule vraiment à 30km/h), il faut essayer de trouver une place assise. Mission : faire rentrer 5 personnes sur un banc de 3 sièges.^^ Easy! Si si, je vous jure ! Il suffit juste de croiser quelques jambes, de caser un gosse dans un coin et ses sacs en dessous du siège. Sinon, il y a le confort intermédiaire : ni sur le banc, ni suspendu à une barre tel un jambon de Parme en train de sécher, tu peux te retrouver assis par terre. Mais à mon avis, ce n'est pas possible dans le compartiment des hommes vu comment eux ils sont serrés (pire que des maquereaux dans une boîte taille sardines).

Après 1h30 de voyage, nous sommes enfin arrivés à Malawli un peu la tête dans le coltard (en tout cas pour ma part^^). Après un petit chaï/café (Nescafé au lait hyper sucré bien entendu), nous nous sommes donc attaquer aux 9 kilomètres qui nous séparaient du Lohagad Fort. Cela signifie littéralement "Iron Fort" en Marathi, la langue du Marahastra (autrement dit un des 3000 idiomes locaux en Inde). Je suppose que c'est parce que le fort a été construit à partir de matériaux provenant du sol rouge ferreux des environs.


Le début du trekking était assez facile : on s'est échauffé par un ou deux kilomètres de route dans la campagne. Ce fut aussi l'occasion de rencontrer quelques buffles, quelques maisons traditionnels et quelques gentils Indiens. Voici la photo d'une Indienne nous ayant offert gracieusement ses toilettes. Elle était à la fois très enthousiaste à l'idée d'être photographiée avec une Française et assez gênée, portant encore ses habits de travail et n'ayant pas le temps de se changer.

L'aller était magnifique au matin, la brûme ne s'étant pas encore levée. Le paysage montagneux vert, les cascades blanches, le sol rouge et le ciel gris se mariaient de manière fantastique. Fantastique, c'est le mot. J'avais parfois l'impression de me retrouver en plein milieu d'une scène du Seigneur des Anneaux.^^ 


Après 3 heures et demi de marche entrecoupée de poses "snack" et poses photos, nous sommes arrivés aux pieds du Fort à proprement parler. Plus que 500 marches à escalader ! (enfin "marches"... ça reste à discuter à certains endroits). Mais avant cela, pause lunch dans un petit bouiboui pour se ressourcer et recharger ses batteries. Ce fut l'occasion de rencontrer Pierre et Paul, deux de nos camarades Sciences-potistes en 3A expatriés à Mumbai ! Même à l'autre bout du monde dans un coin perdu au cœur de la forêt et des collines, on arrive toujours à la même conclusion : "Oh God, le monde est tout petit!".
 

La montée des marches valait vraiment la peine... Vue imprenable sur la vallée au milieu de nos amis les singes ! Au départ, on était trop enthousiaste de voir des singes, du coup on essayait de les prendre tous en photos. Et puis quand on s'est aperçu qu'une horde entière avait élu le fort comme résidence permanente, on s'est un peu calmées.^^ C'est quand même frappant à quel point ces primates nous ressemblent...

Un autre surprise nous attendait encore au sommet de la colline au milieu des vestiges : après avoir vu des cascades toute la journée, on a eu le droit à une "source à l'envers". J'explique le concept : l'eau ne jaillit pas vers le bas mais vers le haut, le vent emportant les gouttelettes d'eau en amont vers les vestiges. Comme quoi on n'a rien inventé : les singes prenaient connaissaient le brumisateur bien avant nous !^^
On a mis 3 bonnes heures pour tout redescendre. Au passage, le soleil a chassé la brume et Manon, Lucas et moi avons pas mal cramé. J'avoue que j'étais assez effrayé de refaire une allergie au soleil et de me retrouver le lendemain matin avec le visage doublé de volume et la peau décomposée (comme ça m'est déjà arrivée).^^ Heureusement, personne n'a eu l'occasion de me voir avec une tête de gogole morte-vivante. Ouf! On est arrivé à la gare juste au moment où le précédent train partait, ce qui nous a obligé à attendre une heure de plus et ce qui a permis à Lucas de se découvrir des côtés jusqu'alors inexplorés.^^


Cette journée aurait pu tout de même mieux se terminer si Ashwan n'avait pas frappé sa soeur deux fois en public pour des raisons inconnus. Cet incident a scandalisé Miriam qui l'a très mal vécu en tant que féministe. Je ne sais pas s'il faut avoir honte ou pas de notre réaction, mais nous - les autres Français - n'avons rien fait. Pour ma part, j'ai ressenti de l'impuissance, un sentiment de fatalité. Oui, frapper sa soeur est scandaleux, oui on n'aurait du réagir pour faire comprendre à Ashwan qu'on ne traite pas un être humain ainsi. D'un autre côté, je ne le connaissais pas, ma parole n'aurait eu aucune importance à ses yeux (comme celle de Miriam n'a pas eu beaucoup d'importance). Et puis comment changer les valeurs d'une société ? C'est tellement normal pour certaines personnes ici de frapper le sexe faible... Pas pour tout le monde. Nikhil était assez choqué également. Mais sa réaction "Il aurait au moins pu éviter de le faire en public" laisse beaucoup à penser... Peut être aurais-je du réagir car on ne perd jamais son temps à vouloir améliorer ne serait-ce qu'une personne. Mais l'ampleur de la tâche vous désarme et vous laisse de l'autre côté d'une barrière culturelle... 

Au retour, le train s'est avéré encore plus folfklo qu'au matin : "Tu peux faire presque la moitié de ton marché rien qu'en restant assise dans un train !", dixit la petite-amie d'Ashwan (que je plains d'ailleurs en tant que future épouse). Vendeurs de gâteaux, de portes-clefs, de crayons 4 couleur (nouveau gadget exporté en Inde), de cartes ferroviaires, de bijoux, de vernis à ongle... Incroyable ! Encore une occasion de s'étonner quand le vendeur de beignets a déchiré un livre pour faire des cornets avec le papier.

L'Inde, ses habitants, sa culture... Je ne finirai pas de m'étonner même si désormais, après deux mois passé ici, je me sens réellement chez moi à Pune. Non plus comme une touriste ni même comme une étrangère expatriée, mais comme une immigrée qui s'est installée pour vivre un an ici entre le flot de la vie quotidienne et la découverte d'un ailleurs.

2 commentaires:

  1. Ouuuahh... Grands Dieux, mais ce n'est pas juste une expression quand on se dit que nous vivons l'une et l'autre à l'autre bout de la Terre... Malahide est si différent, sa petite population bourgeoise et tranquille, ses gens si confiants tout sourire... Mais une chose semble au moins sure, c'est que la beauté des paysages et de la nature prouvent leur perfection où que cela soit dans le monde... Mathilde

    RépondreSupprimer
  2. "même si désormais, après deux mois passé ici, je me sens réellement chez moi à Pune" : c'est génial que tu puisses écrire cela car c'est finalement le risque le plus grand quand on part en se sentant attiré par une culture que de découvrir que l'on ne peut qu'être étranger à son endroit. Pouvoir non se fondre mais se sentir dans un (parce que définitivement on peut en avoir plusieurs) chez soi à sa destination est une grande chose, je suis vraiment content pour toi.
    A bientôt, bsx
    Go on enjoying

    RépondreSupprimer